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Quel type de reprise économique aurons-nous? - SFL - DSFRI

Quel type de reprise économique aurons-nous?

Reprise en V, U, L, W… On entend de plus en plus parler des différentes formes que pourrait prendre une future relance économique. Survol de ce qu’il faut savoir sur chacune, graphiques à l’appui.

27 mai 2020

Bien que la pandémie de COVID-19 ne soit pas encore derrière nous, les gouvernements de plusieurs pays entreprennent des plans de déconfinement qui pourraient revitaliser leur activité économique, et les économistes envisagent différents scénarios de reprise. À cet égard, les données historiques peuvent aider à mieux comprendre leurs analyses, de même que cet intrigant mélange de lettres qu’ils utilisent pour les illustrer.

 

Premier scénario : une reprise en V

Graphique linéaire illustrant la reprise en V de 1953 aux États-Unis. Le graphique montre qu’après avoir atteint un bref creux, l’activité économique a repris aussi rapidement qu’elle avait décru.
 

Une reprise en V désigne une relance rapide où l’activité économique revient vers son niveau initial en quelques trimestres. L’un des cas les plus typiques est la récession américaine de 1953. Anticipant une hausse de l’inflation, la Réserve fédérale avait alors augmenté ses taux d’intérêt, ce qui avait entraîné l’économie en récession. On avait observé trois trimestres de chute du PIB, mais suivis par un rebond spectaculaire de 8 % dès le trimestre suivant. Un autre exemple est la récession du début des années 1990, qui s’était étendue de juillet 1990 à mars 1991, et avait été suivie par un rebond rapide de l’économie.


Typiquement, on observe une reprise en V lorsque, au sortir de la récession, on connaît une croissance très rapide de la consommation et des dépenses des ménages. Pour qu’un tel scénario se réalise aujourd’hui, les analystes estiment qu’un grand nombre de conditions, lesquelles dépendent de l’évolution de la pandémie, devront être réunies.

 

Deuxième scénario : une reprise en U

Graphique linéaire illustrant la récession en U de 1973 aux États-Unis. On peut voir qu’après avoir chuté en territoire négatif, l’activité économique a stagné pendant plusieurs années avant de reprendre de la vigueur en 1975.


La reprise en U désigne plutôt une situation où l’activité économique reste à son niveau le plus bas pendant un certain temps, avant de revenir graduellement vers son niveau d’avant la récession. C’est donc une reprise plus lente. En 1973, l’économie américaine et celles de plusieurs pays avaient connu une reprise en U. Touchées notamment par la crise du pétrole, elles avaient chuté rapidement avant de stagner pendant environ deux ans et de ne revenir à la hausse qu’en 1975.


Une reprise en U peut durer jusqu’à deux ans. À cette étape-ci de la pandémie, les analystes estiment que ce scénario est tout aussi plausible que celui d’une reprise en V. Comme la crise actuelle est causée par un facteur externe au monde financier (contrairement à la crise de 2008), la forme du U pourrait se matérialiser lorsque les inconnues liées au virus s’atténueront.

 

Troisième scénario : une reprise en L

Graphique linéaire illustrant la récession en L des années 1990 au Japon. On voit que l’activité économique a chuté constamment de 1990 à 1992, et qu’elle demeurait toujours très loin de son niveau antérieur trois ans plus tard, d’où une forme de « L ».
 

La reprise en L est le scénario que les économistes souhaiteraient éviter. Elle décrit une situation où l’activité reste à son niveau plancher pendant une très longue période et ne se remet à croître que très lentement. On connaît aussi ce scénario sous le nom de dépression économique. Le Japon a connu ce genre de phénomène au début des années 1990, une décennie que les économistes ont qualifiée de « décennie perdue ». Le pays avait précédemment connu une période de croissance qui s’était étendue de la fin de la guerre jusqu’aux années 1980 : on parlait même du miracle japonais. Cette croissance avait cependant mené à une bulle spéculative. Lorsque celle-ci a éclaté, le pays a été entraîné dans une grave et longue récession.


Dans le contexte actuel, les économistes estiment qu’une reprise en L est peu probable, mais demeure possible si aucune cure n’est trouvée et que le virus poursuit sa propagation.

 

Quatrième scénario : une reprise en W

Graphique linéaire illustrant la reprise en W de 1980 aux États-Unis. La forme du W traduit le fait que l’économie est revenue encore plus forte en 1981, avant de chuter de nouveau en 1982. Au total, ce n’est qu’au milieu de 1983 que la récession a vraiment pris fin.
 

Comme son nom l’indique, une reprise en W est une reprise en V suivie par une nouvelle chute, puis par une nouvelle reprise. On a connu ce scénario au début des années 1980, aux États-Unis, alors que la « vraie » reprise avait pris trois ans à s’installer.


Dans le contexte de l’actuelle pandémie, on pourrait assister à ce genre de scénario, par exemple, si l’économie redémarrait au troisième trimestre pour être aussitôt stoppée par une deuxième vague de COVID-19.

 

À quoi peut-on s’attendre ?

Une étude publiée dans le Harvard Business Review révèle qu’après la récession de 2008, on a pu observer des reprises de différents types, selon les conditions économiques des différents pays. Les graphiques suivants en donnent une idée.

Graphique linéaire montrant que le Canada a connu une reprise en V après la crise de 2008.

 

Graphique linéaire montrant que les États-Unis ont connu une reprise en U après la crise de 2008.

 

Graphique linéaire montrant que la Grèce a connu une reprise en L après la crise de 2008.


Dans ce contexte, bien malin celui qui pourrait prédire ce que nous réservent les prochains mois. Néanmoins, certains experts, notamment ceux de la firme J.P. Morgan, avancent déjà certaines hypothèses.

Graphique linéaire illustrant les trois scénarios de reprise envisagés actuellement par des analystes de la firme J.P. Morgan. Selon le scénario en V, l’activité économique chuterait de 1,2 % cette année avant de reprendre rapidement. Le scénario en U prévoit une chute de 3,2 % suivie par une reprise beaucoup plus lente. Enfin, le scénario en L prévoit une chute de 5,0 % suivie d’une stagnation qui s’étend au moins jusqu’en 2022.

Comme on peut le constater, alors que le scénario en V verrait un retour à la normale dès la fin de l’année, le scénario en U nous amènerait jusqu’à tard en 2021, et le scénario en L nous réserverait une très longue stagnation.


Cela dit, que nous réserve l’avenir ? Seul un certain virus le sait vraiment.

Les sources suivantes ont été utilisées dans la rédaction de cet article.

Bloomberg, « V, L or ‘Nike Swoosh’? Economists Debate Shape of Global Recovery ».
Investopedia, « V-shaped recovery » ; « U-shaped recovery » ; « L-shaped recovery » ; « W-shaped recovery ».
Forbes, « Alphabet Soup: Understanding the Shape of a COVID-19 Recession ».
Harvard Business Review, « Understanding the Economic Shock of Coronavirus ».
J.P. Morgan Private Bank, « The shape of the recovery ».        
Market Business News, « What is a V-shaped recovery? » ; « What is a U-shaped recovery? » ; « What is a L-shaped recovery? ».
Wikipedia, « Recession shapes ».

 

 

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